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Festival suisse de chant 2022 07.06.2022

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Passages devant jury

La prestation des quatre chœurs dure une heure, puis les deux experts se retirent durant une demi-heure pour se mettre d’accord sur les commentaires à délivrer aux chorales. Le premier expert résume les impressions devant les deux premiers chœurs (15 minutes par ensemble) pendant que le second donne le compte-rendu aux deux chœurs suivants. Certains chœurs ont choisi également de recevoir une note.

Après cette longue période de mutisme, il fallait un certain courage pour présenter un programme devant un public souvent nombreux et devant un team d’experts. Beaucoup de chœurs ont joué le jeu. Tous avaient soif de musique, choristes comme public. Il était fort intéressant et réjouissant de constater la diversité des styles. Jodel, variété, musique classique, pop et j’en passe, se sont donnés la main dans des concerts dont l’éclectisme faisait l’attrait. Diversité de style également sur la façon d’aborder le passage devant jury. Certains chœurs arrivent très sûrs d’eux, parfois trop, et se retrouvent déçu lorsque les experts délivrent des commentaires moins flatteurs que ce qu’ils attendaient. Parfois, les notes en-dessous de 5 font mal… D’autres, trop modestes, sont surpris d’un retour positif assorti d’une bonne note. D’autres enfin sont totalement lucides et savent pertinemment ce qui a bien marché et ce qui a moins bien fonctionné dans leur concert. Pour l’expert, c’est toujours un plaisir que de faire un commentaire à un chœur et d’entendre le directeur ou la directrice s’adresser à ses choristes en disant : « Vous avez bien entendu ? N’est-ce pas là ce que je vous dis depuis des mois ? »

 

Impressions d’experts…

Pendant deux week-ends, on a pu constater à quel point la scène chorale suisse est épanouissante, riche et variée. Les jeunes ont rencontré les anciens, l'étrange a rencontré le conventionnel, la tradition a rencontré l'innovation. Tout comme les différentes voix font la richesse d'un son choral, toutes ces facettes ont fait du festival des chœurs un événement de premier ordre.

David Lang

 

La scène chorale suisse est vivante. A Gossau, j'ai pu, en tant qu'expert, écouter et discuter de nombreuses prestations différentes. J'ai été particulièrement frappé par le fait que nombre de nouvelles impulsions ont été présentées. Les chefs de chœur conçoivent souvent leurs programmes afin d’attirer de plus en plus les jeunes.

Ueli Kilchhofer

 

 

J'ai eu l'occasion de rencontrer de très nombreux chœurs avec des choix de musiques, des qualités et des exigences très différents. Et tous avaient une chose en commun : une grande joie de participer à ce festival et d'y prendre part. Ainsi, les conseils et les suggestions donnés lors des discussions sont toujours tombés dans des oreilles attentives et ont été (presque toujours) acceptés avec plaisir.

Il me restera beaucoup de belles impressions et de bons moments.
René Aebi

 

La présence de tous les chœurs a eu un effet positif sur l'ambiance et les prestations musicales. L'atmosphère était détendue, concentrée et bienveillante. Le système d'évaluation par notes a fait ses preuves : Il est transparent, bien compréhensible pour tous et beaucoup plus nuancé que l'évaluation d’autrefois, avec des adjectifs. Il est fort réjouissant de constater que de nombreux chœurs ont renoncé à la notation, y compris des chœurs expérimentés et chevronnés. Les discussions se sont alors déroulées dans une atmosphère ouverte et agréable : Les formations continues et les directives dans ce domaine portent leurs fruits. Il était également agréable de prévoir plus de temps que d'habitude pour la concertation entre les participants. En somme, une expérience positive et réjouissante !

Paolo Vignoli

 

La respiration et le renouveau du monde choral après la pandémie se ressentent de manière impressionnante dans les sons forts, les mélodies populaires en filigrane, les basses rythmées, les voix virtuoses des percussions, mais aussi dans la convivialité qui entoure les concerts et dans les bancs d'église et la tente remplis jusqu'à la dernière place lors des concerts du festival. Même si le temps de l'arrêt du chant dans l'entraînement de la voix et de la présentation est encore audible à certains endroits, la joie et la déception des présentations plus ou moins réussies et de leurs feedbacks sont de retour comme jamais - l'ambition renaît, le monde choral se montre à nouveau fièrement dans ses habits aux sonorités colorées. L'organisation ne laisse rien à désirer, la satisfaction évidente des chanteurs et des auditeurs en est le reflet.

Respirer et chanter.
Andrea Fischer

 

 

J’ai éprouvé beaucoup de plaisir à effectuer ce travail d’expert. Quand bien même il a été difficile, parfois, de donner de mauvaises notes, en l’occurrence un 4 octroyé à un chœur d’hommes, mais j’y reviendrai. La diversité était au rendez-vous. Les genres de chœurs, les styles de musiques, les programmes présentaient merveilleusement la diversité de notre paysage choral. Du chœur d’hommes chantant des pièces très traditionnelles au chœur de jeunes filles interprétant de la variété en passant par des ensembles vocaux classiques, au groupe de Jodel ou même un chœur spécialisé dans le chant harmonique, tout était là. Tout cela était très enrichissant. Je reviens aux notes. Je suis personnellement persuadé qu’il faut les abolir (NDLR : beaucoup d’experts ont exprimé cet avis lors de rencontres informelles). Lorsque l’on donne une note suffisante, les choristes concernés vont rentrer avec un goût amer et beaucoup de tristesse. Peut-être qu’ils vont se poser la question de savoir si ça vaut la peine de continuer ou s’il faut cesser de chanter. Ils seront souvent fâchés contre les experts et l’on risque d’enlever le plaisir de chanter à ces choristes. C’est vraiment dommage. Que des notes ou des rangs soient décernés lors d’un concours, il n’y a rien à redire. Pour une fête, ça peut gâcher le plaisir festif. Bien sûr, les experts doivent dire ce qu’ils pensent. Et ce ne sera pas forcément toujours positif. Mais cela ne doit pas enlever le plaisir de chanter. C’est très important que l’on ait toujours des chœurs de personnes plus âgées dont les voix ne sont pas forcément de toute première fraîcheur -ainsi va la vie- et, du moment qu’ils en ont force et envie, il faut qu’ils continuent. Or, une note qui n’est pas bonne va enlever ce plaisir. C’est, je l’espère, la prochaine étape que l’on doit franchir. Un chœur va, par exemple, se présenter dans une formation déséquilibrée. Des malades, des gens qui n’ont pas pu se rendre à Gossau, vont peut-être faire qu’il n’y a que deux ténors ou pas assez de soprani. Les experts vont écouter ce chœur déséquilibré, cela représente un quart d’heure de prestation et le couperet de la note va tomber sur ce qui ne représente pas la chorale dans sa formation habituelle. C’est toujours réjouissant de mettre une bonne note, mais c’est très pénible pour nous tous de devoir annoncer quelque chose en-dessous de ce que le chœur espérait. C’est aussi dur pour l’expert que pour le chœur ! Bien sûr, cette note est appliquée selon nos critères, mais ces critères devraient pouvoir être expliqués sans note, je le redis fermement !

Pascal Mayer.

Photo : sgf22

Thierry Dagon